• ● La mobilisation, les media et Internet

    Nous, citoyens de ce pays opposés au mariage pour tous, vivons notre première grande contestation du XXIème siècle.

    Une chose ne vous a sans doute pas échappé. Mais elle mérite d’être exprimée et soulignée : c’est à quel point nous avons réussi malgré l’hostilité de la presse traditionnelle.
    Le succès croissant des mobilisations

    Il y avait environ 1.3 million de manifestants le 13 janvier 2013. Il y en avait sans doute 1.7 million le 24 avril 2013. Le pouvoir avait misé sur l’essoufflement du mouvement après l’adoption en première lecture. C’est le contraire qui s’est produit.
    Cet augmentation du support populaire s’est produite dans l’assourdissant silence des media officiels. Alors qu’à la radio, et jusqu’en janvier 2013, le journaliste de service ne pouvait pas commencer un interview par la question « Etes-vous pour ou contre le mariage homosexuel ? », question transformée au quatrième trimestre 20132en « Etes-vous pour ou contre le mariage pour tous ? », brusquement, black-out complet.

    Dans le même temps, nous avons réuni près d’un million de pétitions pour la saisine de ce projet par le CESE en six semaines environ, toujours sans le moindre relais d’un media officiel. Lesquels, soit dit en passant, n’ont jamais annoncé le refus de la saisine par le CESE ! Pas un mot sur les radios et les télévisions.

    La largeur du support populaire
    Les participants aux manifestations ont tous été frappés par le nombre et la diversité des participants. Moins nombreux étaient ceux qui ont eu la chance de participer au dépouillement de la pétition. Il fallait en effet habiter près du Chesnay, ce qui est mon cas.

    J’y suis allé plusieurs fois. J’y ai observé et appris beaucoup de choses.

    Au début, les pétitions venaient essentiellement de la région parisienne et surtout du 78. Les 500 000 paraissaient difficiles à atteindre.

    Puis le mouvement s’est amplifié. C’était une sorte de vague de fond. On voyait arriver des pétitions de tous les coins de France, d’outremer, ou de l’étranger. Toutes ne sortaient pas d’Internet : certaines avaient été recopiées à la main, souvent par des écritures de personnes âgées. On voyait aussi la diversité des origines : urbaines, rurales, âges, catégories socio-professionnelles, etc. Parfois un mot manuscrit d’encouragement accompagnait la pétition signée et permettait de se faire une idée de la personne qui l’avait expédiée.

    Je n’ai vu qu’une seule fois des pétitions qui avaient été découpées dans un journal. J’en ai conclu que très peu de journaux ont parlé de cette pétition et en ont fait la promotion.

    Internet permet de contrer l’hostilité des media officiels
    Ceci pour souligner combien tout ce mouvement s’est fait sans aucune participation de la presse - audiovisuelle ou écrite, nationale ou régionale. Et pourtant ça a fonctionné, et rapidement.

    Une grande partie de ce résultat est dû à Internet. Un des enseignements importants est que le maillage informel du pays via Internet, maillage réalisé par les adversaires de la loi Taubira, permet en grande partie de combattre les effets du silence des media officiels. Autrement dit, les défenseurs de la famille ont maintenant la certitude que leur mobilisation peut se passer de l'appui des media.

    Mais ce n’est pas suffisant. Je suis allé plusieurs fois proposer de signer la pétition dans la rue, ou à la sortie d’une église, ou sur un marché. Je me suis aperçu alors très rapidement de la fracture numérique. Il y avait tout un tas de gens qui d’abord croyaient que la loi avait été votée – puisque la télévision leur avait dit qu’elle était passée à l’Assemblée Nationale – et qui de plus ignoraient tout de la pétition. Ils n’étaient tout simplement pas dans des flux d’échange sur Internet. Lorsque l’on discutait un instant avec elles, ces personnes, qui étaient souvent de milieu modeste, signaient alors la pétition avec enthousiasme.

    La démocratie du XXIème siècle en chantier ?
    Ainsi, nous sommes au début de ces actions citoyennes du XXIème siècle. Internet permet de dépasser l'obstacle que le silence des media aurait été il y a seulement 15 ans. Mais Internet n’est pas suffisant pour toucher l’ensemble du public potentiel. Il faudra en tenir compte dans la suite du mouvement. 

    Ainsi, nos adversaires – car malheureusement il faut bien les appeler comme cela – se trompent en croyant nous contrer par leur main mise sur les media. En fait, le contraire risque de se produire : leur attitude dans cette affaire va contribuer à accélérer leur décrédibilisation. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle, car on ne sait pas aujourd'hui avec quoi le vide qu’ils vont laisser va être rempli.

    Mais c’est un fait dont il faudra tenir compte pour maintenir nos gouvernants sous surveillance.

    « ● Premier formulaire administratif Parent 1 Parent 2 ? ● LGBT et les Nouvelles "Internationales" »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :